• Aujourd’hui, à la plus grande joie d’une classe de scientifiques de 17 ans (pardon ! 18 pour certains), un devoir de philosophie est au programme.

    Philosophie…. Déjà le nom pose un problème ! Qui n’a pas eu à répondre un jour dans sa scolarité à la désormais célèbre question : ‘’Qu’est ce que la philosophie ? ‘’ Si vous avez la réponse, me contacter ! Je suis sure d’une chose, c’est que c’est une matière particulièrement barbante, dans laquelle tu étudies des bonhommes morts depuis des lustres et qui ont tous (et je dis bien tous !) un avis radicalement différent sur des questions dont tu ne comprends rien ! Quand tu ne comprends déjà pas la question,  j’aimerais qu’on m’explique comme je suis censée comprendre la réponse ! Et la commenter, qui plus est !

    Alors tu te dis que comme tu dois passer  55 minutes x 3 dans ta semaine à tenter de pratiquer cette discipline, il faut te trouver une occupation. Et là, tu te jettes sur le prof ! Oui le bonhomme qui parle devant et dont tu ne comprends rien ! Il faut savoir que pour faire de la philosophie toute sa vie, il faut être légèrement barge. D’ailleurs, professeur de philosophie bizarre est un pléonasme (késako pléonasme ? Monter en haut est un pléonasme. Toujours pas ? Bon, va chercher un dico ! Ou l’ordi, ça marche très bien aussi !)

    Je disais… Oui le prof ! La première fois que tu vois ton prof, il te semble normal, pas forcément bien habillé ou légèrement trop classe (un prof quoi !). Mais attend les dix premières minutes ! Là, tu comprendras ! Il faut savoir qu’un prof de philosophie a toujours, toujours, un truc propre à lui. Et un truc un peu cinglé, qui te fais rire à chaque début de cours et que tu te retrouves à compter pour faire passer le temps. Je n’ai pas vu tous les profs de philo qu’il peut exister (un seul me suffit, merci !) mais j’ai entendu pas mal de truc ! Mon objectif de l’année est de  faire monter ce cher enseignant sur une table ! Et là j’aurais réussi mon année (chacun ses priorités) !  Pas possible, me direz-vous ? Huuuummmm…… je n’en suis pas si sûre !

    Alors voilà ma définition de la philosophie : un concentré d’incompréhension et de bizarrerie, partagé par 30 élèves.

    En attendant, il faut bien être noté. Ah ! Voilà une page de questions plus incompréhensible les unes que les autres qui arrivent. Je vous abandonne sur ce. C’est partit pour 4 heures !  


    votre commentaire
  • Le souffle de la mer caresse mon visage tandis que mes pieds crissent sur les coquilles. Mes cheveux s’envolent dans tous les sens mais je ne m’en soucie pas. Mon regard glisse sur l’horizon, vers l’immense étendue d’eau, infime partie de l’océan. Au loin, tout disparaît. Pas une bosse, pas une montagne. Seulement une ligne, la communion entre la mer et le ciel. Deux mondes qui ne font qu’un en ce lieu unique.

    Les rayons du soleil transpercent le plafond sombre des nuages, éclairant les vagues d’un doux halo de lumière. Des mouettes jouent entre ces puits de soleil, leurs cris recouvrant les murmures du vent. Elles planent, libres et fières. Elles s’élèvent sans un mouvement, lévitent par magie au-dessus des eaux sombres et froides. Elles se posent sur des rochers, attendant un enfant qui court vers elles. Elles prennent leur envol lorsqu’il approche, riant de sa mine déçue. Elles ricanent, là-haut, touchant de leurs ailes le rêve de l’humanité.

    Des cabanes surplombent l’eau. Balcons sur l’immensité, elles tiennent, gardiennes des plages, sur des poteaux de bois blanchis par le soleil et le sel, recouverts de vert par la mer. Elles trônent ainsi, face aux éléments. Elles attendent la prochaine tempête, défiant la pluie, le vent et les vagues, résolues à vaincre une fois de plus. Leur patience est sans limite et même sous le soleil, elles savent qu’elles devront vaincre. En attendant, elles surveillent les pêcheurs à pied, leur filet tendu au-dessus de leur chapeau. Ils traversent les vagues en poussant leur lourde épuisette, raclant le sable à recherche de bulots ou d’une huître sauvage. Des algues brunes rendent la pêche glissante mais tellement plus drôle. On entend des éclats de rire, repris par les mouettes, là-haut dans le ciel.

             Dans le lointain, la côte se dessine, formant une immense crique, enserrant l’eau de ses bras de terre. Des cargos prennent le large vers de longs voyages. Le souvenir des bateaux de bois, ces fiers navires de conquérants, ces frégates qui ignoraient la peur et les ténèbres, venues d’une époque résolue, les accompagne. L’ombre de leurs voiles se déployant dans l’horizon les suit, tandis que sur le sable, les fantômes des femmes jettent un ultime regard à l’embarcation qui emporte leurs hommes vers l’inconnu, la mort ou bien la gloire. Aujourd’hui encore, les vagues frappent avec violence la proue de tôle des géants de mers. Le voyage emporte au loin des hommes amoureux du grand large. L’océan leur ouvre ses bras, les emporte dans sa gueule féroce où seul le plus fort peut revenir indemne.

             L’océan brille de mille feux, sous le soleil, symbole de sa splendeur passée. Et si l’Homme oublie son importance, le rejette, le pollue et le pille, qu’importe.  Dans leur écume vibrante, les vagues surplombent le monde. L’homme éphémère ne viendra jamais à bout de cet immortel dieu, source de vie, source de mort. S’il se retire dans un souffle de vent, ce n’est que pour mieux revenir dans un coup de tonnerre fracassant.   


    votre commentaire
  • Le lustre accroché au dessus de sa tête pendait lamentablement dans le vide, n’éclairant rien de la pièce par son ampoule grillée. Les rideaux opaques cachaient les fenêtres aux volets baissés. La pièce sombre dégageait une puanteur infâme, mélange de sueur et reste de pizzas froides depuis trop longtemps. La porte close ne laissait échapper qu’un fin rayon de lumière, signe que dans le reste de la maison, le soleil brûlait encore. Mais ce symbole ne recouvrait pas même un centimètre de la moquette grise poussière.  Sur un mur au papier peint décollé, une lueur bleutée divaguait dans le reste de la pièce, dévoilant des ombres fantomatiques noires. Au centre de ces quatre murs, un fantôme  respirait encore.

    Son dos se voûtait, ses mains se glaçaient, ses jambes se figeaient. En tailleur depuis des heures, ses yeux reflétaient l’écran face à lui. Seuls ses pouces s’activaient encore. Le reste de son corps avait la rigidité d’une statue. Rien n’aurait laissé penser que son sang circulait toujours dans ses vaisseaux si ce n’est que ses doigts compressaient encore les touches grinçantes de l’objet qu’il tenait entre ses mains. L’écran devint noir, un cercle tournait en son milieu. Sa main droite lâche l’appareil et son bras se tendit sur le côté. Il attrapa une part de pizza. Le fromage dégoulinant s’étira avant de se rompre et de s’écraser sur son jean. Il l’ignora, fourra entre ses dents le morceau de sauce tomate et de fromage. Il aspira son morceau plus qu’il ne le mâcha, ses mains étant reparties sur la manette.  Les héros des jeux couraient sous ses yeux. Il les faisait courir, voler, se battre. Il choisissait leur vie, leur naissance et leur mort. A défaut d’être dirigeant de la sienne, il pouvait enfin contrôler une vie.

    Le bruit mat contre le bois ne le fit pas sursauter. Il ne lui faisait rien. Une voix féminine traversa le noir jusqu’à ses oreilles.

    « Mon chéri ?... Tu ne veux toujours pas sortir ?... Bon… Je te laisse des vêtements propres devant la porte. Tu devrais prendre une douche mon amour. Tu te sentirais certainement mieux, depuis le temps que tu es ici…. Tu ne veux pas me répondre ?... Toujours pas ? Et bien, n’hésite pas si tu as besoin. »

    Des pieds trainants raclèrent la moquette du couloir. Le bruit s’éloigna. Devant son écran, il contrôlait toujours ses esclaves de pixels. Rien n’avait changé. Juste une larme sur ses joues brillait. Lui aussi, comme sa mère, aurait aimé parler, prendre une douche, sortir, vivre.  Mais cette vie incontrôlable lui faisait peur. Une peur emprisonnait ses membres dès que l’idée de sortir de cette chambre lui traversait l’esprit. Derrière cette porte, se trouvait ce monde où rien ne se contrôlait, où les autres imposaient leur loi, leur mode de vie. Au moins, face à son écran, il savait ce qui se passait autour de lui, ce qui changeait dans son existence. Il vivait dans un monde sous contrôle, son monde.

     

    Mais qui était le véritable maître de ce monde ? L’homme. Un homme maître de jeux qui empoisonnait son esprit, maître des mouvements mécaniques de son corps, maître de la sueur qui collait contre sa chair, contre les tissus de ses vêtements, qui l’emprisonnait dans son odeur. Le véritable maître restait à être dévoilé. Mais ce jour là, la vérité passera sous la porte. Une vérité incontrôlable, qui devait rester derrière la porte. Le véritable maître attendra car le jour de son sacre, un monde sous contrôle tombera. Son monde.

     


    votre commentaire
  • Il regarda à travers la vitre à sa gauche. Au milieu des traces de doigts et des gravures, il observait le reflet de son visage qui se décalquait sur ce qu’il voyait dehors. Une jeune femme se tenait là, droite sur le trottoir. Elle portait une robe aux couleurs vives et aux bretelles fines. Le vent glissait le long de ses jambes mises à nu. Elle tenait sur ses avant-bras un gilet. Il soupira, un sourire triste aux lèvres. Avec les 31°C et le soleil brûlant, elle restait l’unique personne qui se chargeait d’un vêtement aussi inutile. Il la reconnaissait bien là. Le regard de la femme, jusqu’alors perdu dans les tréfonds de son esprit, se posa sur lui. Elle sourit. Il lui rendit son sourire. Elle était belle, les rayons du soleil caressant ses cheveux châtains. Ses lèvres bougèrent. Elle lui parlait. Sa voix percuta la vitre. Il haussa les épaules, les paumes vers le ciel. Elle se tut. Elle sourit. Il ne comprenait pas ses mots silencieux.

             Les portes à l’avant claquèrent. Il sursauta. Il se tourna vers la femme. Elle lui adressa un ultime sourire. A ce moment, il voulu sortir et courir vers elle. Lui demander quelle parole elle voulait lui adresser. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Le moteur se mit en marche et le véhicule s’ébranla. Elle souriait toujours. Lui aussi mais ses yeux trahissaient sa tristesse. Il aurait voulu lui dire tant de choses. Impossible maintenant. Le bus démarra et se mit en route. Elle disparut. Elle restait et il partait. Pour longtemps. Tout venait de se finir. La vitre, désormais, ne reflétait que ses joues baignées de larmes. La femme qu’il aimait devenait souvenir.


    votre commentaire
  • Alysson se regardait dans le miroir de son armoire. Son image, éclairée par une simple lampe de chevet, la dégoutait. Elle se trouvait chaque jour plus laide que la veille. Ses cheveux blond foncés tombaient mal sur ses épaules, rebiquaient sur sa nuque. Ses yeux gris, ternes, étaient encerclés de larges cernes gonflés. Elle voyait ses lèvres comme deux boudins trop pâles et son nez recouvrait une trop grande partie de son visage. Ses multiples boutons d’acné rendaient ses joues toutes rouges, boursouflés. Elle soupira et se mit de profil. Son ventre dépassait de son T-shirt qui lui servait de pyjama. Trop petite, trop grosse, elle ne jeta même pas un regard à ses cuisses. Elle s’assit sur le bord de son lit. Son regard ne lâchait plus le reflet de ses yeux dans le miroir. Elle ne parvenait pas à pleurer. Elle savait depuis longtemps qu’elle était moche. Affreuse.

             Elle se leva et prit un jean et un haut tout simple. Aujourd’hui avait beau être la rentrée, elle ne faisait pas d’efforts. A quoi bon ? De toute manière, cela n’empêcherait pas les autres de la regarder de travers. Elle, la petite intello, sans personnalité, sans ami. Pitoyable. Voilà comment elle se voyait au fond d’elle-même. Pitoyable et idiote. Pitoyable et faible. Pitoyable et seule. Seule sous les moqueries incessantes, les remarques blessantes, les regards appuyés, les chuchotements à son insu. Une fois habillée, elle se regarda une dernière fois. C’était reparti pour un an. Elle ne se rappelait plus quand le jeu avait commencé. Elle ne savait pas quand tout se terminerait. Un jeu d’une seule et unique règle : l’humilier, elle, au maximum. Qui, pourquoi, elle l’ignorait. Un jour, tout se finirait pour eux. Mais pour Alysson, les conséquences n’en finiraient jamais. 


    votre commentaire