• 2015

    Dans cette rubrique, vous retrouvez tout les textes que j'ai écrits en 2015

    -Ceux qui restent

    -Mon ami solitaire

     

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  • Depuis plusieurs minutes, elle regardait son visage. Elle observait chaque détail que jamais elle n’avait remarqué auparavant. Son nez retroussé, son grain de beauté aux racines des cheveux, ses creux dans ses joues. D’insignifiantes particularités qui le rendaient si unique. Elle caressa doucement ses cheveux bruns. Ils lui chatouillèrent la main, lui rappelant le nombre de fois où elle lui avait ébouriffé cette tignasse à laquelle il prenait tant soin. Une vague de nostalgie, s’empara d’elle, lui serrant violement le cœur. Elle voudrait oublier tous ses souvenirs auxquels chaque détail la rapportait. Elle lui prit la main et la serra doucement entre ses doigts. Des larmes glissèrent le long de ses joues, la surprenant. Son visage se déforma dans un hurlement silencieux et son corps fut secoué de spasmes. Elle s’effondra, la tête dans sa main qu’elle tenait encore. Elle ne tenait plus. Il lui manquait tant ! Son sourire qui fendait son visage pour rire franchement, son air espiègle, ses gamineries, son air sérieux. Sa voix ne résonnait plus dans ses oreilles, ses doigts ne la frôlaient plus. Elle le regardait chaque jour sans qu’il lui ne puisse la voir. Il demeurait les yeux éternellement clos, les doigts trop froids et la bouche silencieuse. Il était seul en lui-même, abandonné par tous. Par elle aussi. Elle avait signé, elle ne pouvait plus faire marche arrière.

             La porte s’ouvrit et une femme en blanc entra, suivie d’un couple d’une soixantaine d’années. Elle se releva, embrassa son visage figé avec tendresse et rejoignit le couple qui la serra contre lui. Des larmes silencieuses perlaient leurs yeux et ensemble, ils partagèrent leur peine. La femme en blanc s’affaira le long du lit avant de repartir avec une perche à perfusion tout juste débranchée. Seul les bippements réguliers d’une machine résonnaient dans la pièce.         

             Elle le regarda longuement. Voilà une année qu’il reposait sur ce lit d’hôpital. Un an que son esprit les avait quittés mais que son cœur battait toujours. Un an que des machines le maintenaient en vie. Maintenant, cela prenait fin. Peu à peu, son cœur ralentit et ne laissa qu’un long sifflement et des larmes sur les joues de ceux qui restaient.  

     

       


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  • Il ne payait pas de mine, seul au milieu de nulle part, sur une étendue d’herbe. Il ne se dressait pas jusqu’aux cieux et ne dominait rien. Son ombre n’effrayait pas. Il était seul, totalement seul. Peu de gens s’arrêtaient pour le regarder, on l’ignorait, passait devant lui sans le remarquer.  Une vie solitaire. Mais pourtant il restait. Il résistait face au vent et ne ployait pas sous le soleil. Il accueillait la pluie avec plaisir et connaissait tous les moyens pour survivre à la neige et au gel. Il trônait nu face aux éléments, bien ancré dans le sol. Il vivait à sa manière, sans se soucier du monde gris qui l’entourait. Il était là, présent par tous les temps. Il éclairait la nuit et embellissait le jour.

    Mais aujourd’hui, on l’a abattu. Il est tombé d’un coup, dans un craquement du tonnerre. Il n’a pas protesté. Il est tombé sous la hache, tout simplement. Maintenant, un trou béant regarde le ciel, attendant la suite des événements.

    Demain, des pelleteuses viendront racler la terre, déblayer l’herbe et creuser encore plus le sol. Une nouvelle tour se construira, s’élèvera vers le ciel, plus triomphante que jamais. Les passants l’admireront, la remarqueront. On la regardera avec fierté. Son ombre s’étendra partout, effrayante et impressionnante. Elle regardera si haut qu’elle ne verra plus ses pieds. Elle accentuera le gris du monde. Mais pourtant, elle ne restera pas. Elle s’enfoncera dans les ténèbres chaque nuit et assombrira le jour. La succession des saisons et des pluies la fragilisera. Elle ignorera les clefs pour survivre face au gel. Elle s’abattra seule, sans aucune aide, lorsque son béton craquera

     

    J’observe tout cela depuis ma fenêtre, sans rien dire. Que dire d’ailleurs ? La machine s’est emballée. Aujourd’hui, mon arbre est tombé. Mon ami solitaire est parti. Une tour de verre et de béton le remplacera. Aujourd’hui, c’est mon arbre, demain mon monde, qu’on recouvrera de béton.   

     


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