• Nous arrivons enfin à destination, Julian arrête la voiture juste devant le prestigieux perron. Devant la porte qui ouvre sur le hall, une dame imposante de tient, bien droite, regardant clairement ses invités qui arrivaient petit à petit avec un air méprisant.

    Julian sort de la voiture, lance ses clés à un garçon qui doit avoir notre âge, vêtu d’un costume sombre, qui ira garder la voiture plus loin. Pendant qu’il fait tout le tour, j’enlève avec hâte mon manteau, le jette sur la banquette arrière. Je replace mon foulard comme il faut. Lorsqu’il ouvre la portière, je fais comme dans les films. Un pied tendu, une pause, l’autre pied et je me relève avec toute la grâce dont je suis possible. Julian tend sa main. Je la prends. Tout ressemble à un film. Tellement que ça en ai presque drôle. Ce sont surtout le regard que Julian qui est risible. De dos à celle qui l’invite, il fait des yeux ronds, surprit. Mais ses lèvres forment un léger sourire de satisfaction et que fierté. Lorsqu’il se retourne, avec moi à son bras, il regarde la femme devenue blanche sur son perron avec supériorité. Il sait que notre duo fait son effet, que l’on parlerait de ces deux gamins presque inconnu (presque puisque je pense que cela fait longtemps de tout le monde connais et reconnais Julian) dont l’apparition à fait tourner tout les regards. Tous ceux présents dehors nous regardent. Ils nous dévisagent avec jalousie et envie. Je prends la grosse tête et à mon tour, j’aborde le même petit sourire de Julian. Je les regarde tout autant qu’ils sont avec hauteur et méprit. Ce soir, pour une fois, je ne suis pas la petite inconnue dont personne ne se souci. je suis devenue celle devant qui toutes les têtes se tournent, celle qui attire tout les regards. Je suis devenue celle que toutes les gamines de quinze ans voudront copier. Je suis fière. Je suis belle. Maintenant, rien n’a d’importance. Pas de vampires, pas de victime. Ici, maintenant. Plus de futur, ni de passé. Surtout pas de passé. Juste l’instant présent compte. Ce soir, je suis la Lara qui est belle et qui le sait. La Lara qui détruit des monstres reviendra avec tous ses problèmes, demain matin, lorsque je me réveillerais. 

    Devant les marches(31)


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  • Nous montons un à un les marches. La main de Julian est dans la mienne, bien serrée. Des flashs nous éclairent. Nous sommes au même niveau, égaux. Je le regarde de biais. Lui aussi. On se sourit. On arrive devant la propriétaire. D’une soixantaine d’année, elle est vêtue d’une imposante robe rose et blanche. Ses cheveux, bruns, tiennent grâce à une coiffure aussi impressionnante en taille qu’en point de vu technique de la chose. Face à celle qui nous invite, la fameuse Mme Clara, je me sens d’une simplicité monotone. Mais le regard emplit de jalousie face à moi, j’ai un sourire qui ne lui aurait pas plu si elle en savait l’origine. Elle aussi le sourit – au moins que ce soit à Julian- mais je suis certaine qu’elle ment derrière sur fond de teint blanc.

    « Bienvenu Julian. C’est une joie de vous accueillir dans ma modeste demeure.

    -Je suis honoré d’avoir été invité Clara. Je vous présente Lara, ma cavalière.

    -Enchanté de vous rencontrez Mademoiselle, me dit elle.

    -Moi de même. »

    Elle ne sait pas mentir, j’en suis maintenant certaine. Je vois bien qu’elle court derrière Julian. Mais ce soir, c’est moi sa         cavalière. Et tant pis pour elle !! De toute façon, comment Julian voudrait-il de cette femme ? Elle ne ressemble à rien !… Mais à  quoi je pense moi ??!!! Ca ne va plus ! La fierté d’être au bras de Julian me faire perde la tête. Ca devient grave !

    Avec mon fameux cavalier, je pénètre dans l’immense salle de bal. Une demeure modeste, mon œil !! La pièce fait au moins six fois mon appartement, et encore. Des dorures partout, des buffets, des colonnes en marbres, deux grands escaliers, un orchestre. Je n’ai jamais vu cela de ma vie – sauf peut être dans les films. Avec Julian, nous sommes au dessus de tout le monde, sur un balcon, d’où nous pouvons observer tous les couples qui tournoyaient sur la piste. Ils sont des centaines, à tourner, à parler ou à manger. Certains tiennent une coupe, d’autres ont un canapé dans la main. Tout est finesse et délicatesse. Pas de rapidité. Tout va lentement. Des yeux se tournent vers nous. Je sens des regards se poser sur ma robe, sur mon corps, sur ma taille, sur mes cheveux, sur ma main dans celle de Julian. Celui-ci m’entraine vers les marches et nous descendons. Je regarde droit devant moi, le visage fermé. Je scrute tout. Les fenêtres sont immenses, elles ont la hauteur d’un mur de taille normale. A pars la porte par laquelle nous sommes arrivés, deux portes plus petites se fondent dans le décor. La porte des cuisines s’ouvre et laisse sortir un ballet de serveur. Du côté des fenêtres, quatre baies s’ouvrent sur l’extérieur. Mais toutes ses portes sont très espacées et pour s’enfuir au plus vite, rien dans l’emménagement de la pièce ne le permet.

                  Arrivés en bas, Julian commence à saluer des gens, de parfait inconnus pour moi. Je remarque que la majorité vient directement vers lui et que la gente féminine représente une grand part de ces présentations. Julian tente de me présenter à certain,  il me dit des noms que je ne retiens pas. De toute manière, je ne les reverrais plus jamais. Juste le temps d’une soirée, j’oublie qui je  suis. Je me perds dans mes pensées pendant que mon cavalier parle de l’inflation des prix de l’immobilier. Sujet peu important à mes yeux même si beaucoup serait dégouté en entendant ce qu’ils pensent de tout ça. Je sens qu’on agrippe le bras et qu’on m’emporte. Je reviens à la réalité. Julian m’emmène au milieu de la salle, sur la piste. Je me stoppe net.

        

         « Aller Lara ! Viens danser avec moi ! Tu es ma cavalière. Conduit toi comme tel.

    -Tu rigoles ! Je ne vais pas aller me dandiner comme ça devant tant de personne !

    -Je ne te demande pas de te dandiner mais de danser.

    -Julian, je ne veux pas. »

    Il se penche vers moi et il soulève une mèche près de mon oreille. Je trésaille. Il me souffle :

    « Une chasseuse de vampire…vaincu pas deux pas de valse… C’est affligeant ! »

    Son souffle est chaud dans mon cou. Il éveille en moi un sentiment de défi. Je l’attrape parle les épaules et, comme lui, je lui chuchote :

    « Si tu me prends par les sentiments… »

         Il s’écarte et il me sourit avec une lueur espiègle dans le fond des yeux. Il me prend par la taille avant de m’accompagner sur la piste en silence. La musique est lente sans non plus que ce soit un slow. Nous tournons sur la piste, ses doigts contre ma hanche et nos regards se défiant l’un et l’autre. Je me demande de quoi nous avons l’air. De deux abrutis ? D’un couple ? Je pencherais plus sur la première option. Mais si les autres pensent que nous sortons ensemble ? Parce que, au final, nous dansons comme un couple, nous nous sommes chuchotés au creux de l’oreille et c’est lui qui m’a invité. Je n’aime pas ça du tout… Pour chasser ses idées, je m’amuse à observer les autres danseurs. Celui là à parfaitement l’air de s’ennuyer à mourir. Et celle là, avec son chignon qu’on dirait une choucroute ! Et ce couple ! Dans le genre mal assortit ! Il doit se briser le dos en deux pour réussir à serrer sa taille ! Au loin, une jeune femme est en train de faire toute une scène à son fiancé. J’ignore la raison mais comment elle lui cris dessus, ça doit être trop drôle ! Julian me coupe net lorsqu’il me demande :

    « Alors, c’est plus dur de valser que de tuer des créatures de la nuit ?

    -D’après toi ?

    -Tu es plus à laisse pour donner un coup de pieu dans l’abdomen d’un parfait inconnu immortel, assoiffé de sang que de te laisser aller dans les bras d’un milliardaire célibataire. Mais au moins, tu t’amuse en te moquant des autres couples. »

    Je m’écarte de lui pour le regarder de face, droit dans les yeux. J’ai un sourire au coin des lèvres.

    « Tu m’énerve Julian ! Comment tu fais pour tout deviner comme ça ?

    -Ah ça, répond t-il avec un sourire et son air de gamin qui a un secret qu’il ne dévoilera pas, je ne te le dirais pas !

    -Aller !!

    -C’est un secret pour le moment. »

    Il m’énerve autant qu’il m’amuse. Je ne réponds plus rien. Il me prend pas la main et sans me souffler un mot, il nous fait traverser toute la piste, au risque de percuté quelques danseurs. Je le suis toujours lorsqu’il ouvre une baie qui va vers le jardin. Il referme derrière lui et tout devient silencieux. Je n’entends plus que la musique de loin. Plus de brouhaha. La température a brusquement baissée. Mais pour le moment, je ne remarque pas tout cela. Je suis hypnotisée parce qui se découvre devant moi. J’oublis absolument tout : mon nom, qui je suis, où je suis, Julian, son sourire et son regard. Je m’avance tel un spectre tellement que ce qui s’offre à moi est magnifique.


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  • La nuit est calme et étoilée. Sans un seul nuage dans le ciel, la lune éclaire de toute sa puissance. Sa lumière se reflète dans un étang face à moi. L’eau ne bouge pas. Avec la lune, se reflètent des rosiers aux roses blanches aussi blanches que la neige qui craque sous mes pieds et qui recouvre les arbustes. Des guirlandes de lumière sont accrochées sur les branches sans fleurs des arbres. Traversant l’étang, un pont de bois a été construit. J’y vais et Julian me suit.

    Au milieu du pont, penchée face à l’eau, j’ai l’impression d’être au milieu d’un conte de fée. Ceux que petite me faisait imaginer qu’un prince sur son cheval blanc viendrait en pleine nuit m’enlever pour m’emmener loin de tout, dans son château perdu au milieu des bois, près d’un lac. Je me tourne vers Julian qui n’est pas arrivé. Il me sourit mais brusquement, son visage se fige et il courre vers moi. Il hurle. Je n’entends pas. Quelque chose s’abat sur ma tête et je sens mon corps qui tombe sur le sol. Je sombre dans les ténèbres. 

     

    Des fées pas si sympa (33)


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  • J’ouvre les yeux. La lumière est éclatante si bien que je suis forcée de les refermer aussitôt. Ma tête me lance. J’ai mal. Mes muscles ne régissent plus. Je ne peux pas bouger sous l’effet de la douleur qui me vrille la tête. Mon instinct me dicte de ne pas bouger. J’essaie de me rappeler les différents événements qui ont provoqués cette douleur. Le bal, le jardin, le pont, l’eau, le hurlement sourd, le coup. Julian. Brusquement, j’ouvre les yeux et me relève. Ma tête tourne et tout est flou autour de moi. Une vérité s’impose à moi. On m’a enlevé.

    Non, pas possible. Qui voudrait m‘enlever ? Pour quelle raison ? Je ne représente absolument rien aux yeux d’éventuels ravisseurs. Un nom s’impose dans mon esprit : Julian. C’est très certainement à cause de ce fils de riche que je suis ici !! Ceux qui m’ont enlevé ont bêtement dû croire que j’étais sa fiancée ou une autre idiotie du genre. Ils veulent de l’argent et ces lâches n’ont trouvés que cette solution. Pff… S’ils savaient à qui ils ont affaire.

    Je parviens peu à peu à distinguer ce qui m’entoure. Je suis allongée sur un lit simple dans ce qui paraît être une chambre. Les lourds rideaux en velours rouges sont tirés et ne laisse passer qu’un mince rayon de soleil. Le lustre est allumé. Ma première impression est que je suis retournée au XVIII siècle ou un truc du genre. Sur les murs, des toiles rouge et dorées sont tendues. Une armoire imposante trône parallèle au lit. Les dorures et les sculptures, fine et détaillée, sont un véritable travail de maître. Je ne sais pas où je suis tombée mais je ne suis pas rassurée.

    La porte s’ouvre. Une espèce de majordome entre. Je détaille cet homme d’une trentaine d’année, affublé d’un costume noir à queue de pie. Il me regarde de haut, ses yeux rouges écarlates me méprisant de toute sa hauteur. Ses yeux rouges écarlates…. Je remets mes constations de tout à l’heure en cause. Je ne crois que cet enlèvement soit juste une vulgaire histoire de fiancé et de rançon. Toute cette histoire va partir bien plus loin…

    « Si Mademoiselle se donne la peine de s’habiller, Madame vous attend en bas. »

    Je le regarde. Je fixe mon regard droit dans ses pupilles. Il me traite comme si j’étais une noble ou je ne sais quoi du genre mais je ne pense pas qu’il pense réellement ce qu’il essaie de me laisser paraître. Il s’éclipse sans demander son reste et la porte se referme. Je prends le temps de me regarder. Je ne porte plus ma robe de bal mais une chemisette blanche. Je scrute mon corps dans le miroir d’une coiffeuse. Je ne porte pas de trace de blessure. Pas même un bleu là où j’ai reçu le coup. Je m’étonne puisqu’il a été tout de même assez violent. Enfin bon, je n’ai jamais beaucoup marquée après mes multiples bagarres. 


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  • Des vêtements sont posés sur le tabouret de la coiffeuse. Ce ne sont pas mes affaires, j’en suis certaine. Je lève une robe rouge bordeaux, à la jupe bouffante et avec un corset. Un corset !! La personne qui vient de m’enlever veut me faire porter un corset !!!! Mais on ne m’a pas enlevée, on m’a changée d’époque ! Qui porte des corsets au XXIème siècle ? Une idée me traverse bien l’esprit mais je préfère éviter d’y penser. Personne ne porte de corset aujourd’hui puisque ce n’est pas à la mode ni d’actualité. Mais si mes ravisseurs ont traversé les siècles, alors peut être que dans leur mentalité de vieillard un corset, c’est encore portable. Mais s’ils ont traversé les siècles et que je n’ai pas de pieu comme maintenant, je suis mal. Très mal ! Enfin bon, il reste peut être un peu d’ail dans la cuisine ! Mais dans un repaire de vampire, la probabilité qu’un tel miracle se déroule, frise les 0%. Aller ! Quand il y a de la vie, il y a de l’espoir. Ma vie risque bientôt de se finir mais je peux toujours croire.

    Je bataille avec cette saloperie de corset. Pendant que ce truc m’étouffe, je ne cesse de me répéter : comment faisait les bonnes femmes du moyen âge ou de la renaissance pour porter ces étouffoirs. Lorsque je finis tant de bien que de mal à l’enfiler et après avoir réussi à retrouver mon souffle, j’enfile la robe qui accompagne cet objet de torture. Bien plus simple à enfiler, elle m’empêche néanmoins de bouger librement. Je peste contre cette situation. J’espère que ma déduction de tout à l’heure est fausse sinon, je suis très, très mais alors, très mal !      


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