• Les portes claquèrent à tous les étages dans un bruit semblable à des mitrailleuses trop bruyantes. Les fenêtres s’éclatèrent les unes après les autres sur les murs. Pourtant, il n’y avait pas un souffle de vent en ce jour de mai. Dans la maison, les domestiques couraient dans tous les sens, certains essayant de refermer en vain les fenêtres brisées, les autres prenant la poudre d’escampette, trop affolés par le destin proche de tous ceux qui se trouveraient dans le bâtiment dans les dix prochaines minutes.

    Sur le perron de marbre, une jeune femme attendait que quelqu’un daigne à lui ouvrir la porte principale. Elle était patiente et écoutait le remue-ménage produit dans la maison. Un sourire fin s’étira sur son visage pâle. Elle leva la main. Ses doigts  claquèrent. A peine le son s’évanouissait dans l’air, toutes les portes de la maison se refermèrent brusquement, sans explication. Exception faite à la porte principale qui avait volé au fond du couloir. La femme entra dans le bâtiment désormais plus silencieux qu’un cimetière au lever du jour. Elle ignora le cadavre d’une jeune enfant vêtue de l’uniforme des employés de maison. Du sang encore chaud s’écoulait de sa large blessure à la tête. L’invitée retroussa ses lèvres. La tentation était belle mais que valait une humaine déjà morte ? Elle continua son chemin. Elle ne trouva personne au premier et au second étage. Elle monta l’escalier de service, en pierre brute. La robe de soie blanche s’envolait doucement derrière. Elle tendit l’oreille jusqu’à entendre un craquement sourd en direction du grenier. Elle sourit. Ces humains sont vraiment stupides. Comme si la hauteur d’une maison allait l’arrêter ! Elle ouvrit la porte en bois qui lui bloquait la route.

    A l’intérieur, des dizaines d’humains se serraient les uns contre les autres. Des hommes armés de fourches protégeaient deux domestiques, une petite servante d’à peine huit ans, la fille de la propriétaire, du même âge que l’autre petite, la maîtresse des lieux, qui serrait son fils de trois mois contre elle. Elle pleurait en silence. L’invité s’avança vers elle, envoyant valser les hommes contre les murs sans un mot ni un geste. Elle entendit la femme souffler entre deux larmes :

    « Je vous en supplie, laisser mes enfants, ils sont innocents…

    -Et le mien !? hurla la femme en attrapant celle qui venait de parler. Il était si jeune, si fragile… Et vous l’avez détruit ! A jamais. Mon seul et unique enfant, celui pour qui j’ai choisi cette vie. Mais je ne veux pas tuer vos enfants, même si vous le méritez. Je vais me venger… »

    Sur ces mots, elle attrapa le bébé et elle planta les dents acérées dans son cou de chérubin. L’enfant sursauta puis il partit dans un rire enfantin, plutôt sinistre. Plus la femme aspirait son sang, plus l’enfant devint pâle et plus ses yeux rougirent devant ceux, horrifiés, de sa mère. Lorsque tout fut terminé, le bambin se blottit dans les bras de la suceuse de sang. Celle-ci attrapa la fillette de la riche femme, et lui planta à son tour ses crocs dans le cou. L’enfant se transforma comme son frère. Elle se serra contre la femme, souriant cruellement à son mère qui était tombée à terre, les joues mouillées de ses larmes. La femme dit aux petits :

    « Voici votre proie, mes amours. Laissez en moi un peu. Vous pouvez aussi prendre les autres. »

    La fille sauta sur sa mère, la tira violement, de sorte à avoir son cou en évidence. Le nourrisson grimpa sur l’humaine, lui mordit de toutes ses forces le sein. Il but une grande partie du sang avec sa sœur qui la mordait sur tout le corps. Leur mère n’avait plus la force de hurler quand ses enfants la lâchèrent. La fille but à mort trois hommes, tremblant de peur face à leur ancienne maîtresse. Son frère s’occupa de sa nourrice et de la cuisinière. De son côté, la femme tua quatre hommes avant de s’attaquer à la fillette restée à l’écart. L’enfant lui prit les pieds :

    « Maîtresse, je vous en supplie, transformez moi…

    -Pourquoi ?

    -Je ne veux plus être une pauvre humaine, faible et soumise. »

    La femme lui rejeta la tête en arrière. Alors que l’enfant crut mourir, son corps devint de plus en plus fort au fur et à mesure que son sang fut avalé. Transformée à son tour, elle serra sa ``maîtresse’’ et elle la couvrit de remerciements. La femme lui dit :

    « Je ne suis pas ta maîtresse mais ta mère, ma chérie. Autant que mon fils et mon autre fille. Maintenant, vengez-vous mes petits, une fois pour toute. Et tous les trois, achevez-la, ajoute-t-elle en montrant la mère, à terre. »

    Les petits sautèrent sur elle. Le bébé lui mordit le deuxième sein, déchiquetant la chair. Les petites prirent, une, le cou, l’autre, le ventre. Tout en lui aspirant sa vie, ils déchiquetèrent la peau de leur victime. Celle-ci rendit son dernier souffle, sous l’œil maternel de celle qui lui avait arraché ses enfants. L’ancienne esclave se rassasia avec le dernier homme encore vivant. Quand ils eurent tous fini, le nourrisson se blottit dans les bras de sa mère qui le serra contre son cœur. Sa sœur de naissance prit le bras de sa mère et sa nouvelle grande sœur prit la taille de sa mère pour se serrer près d’elle. Tous les quatre, ils partirent dans l’aube naissante, tranquillement, la robe blanche devenue du tissu sanguinolent.


    votre commentaire
  • Ecrire
     

    Un mot sur une feuille

    De l'encre sur un papier

    Est peut-être plus beau

    Qu'une parole lancée 

    Au vent, loin dans l'infini.

    Une plume veut parfoit dire

    Bien plus qu'un discour 

    Peu lu et ignoré de tous

    Un texte est aussi beau

    Qu'une déclaration

    Plus expressive que les

    Explications techniques

    Et scientifique

    Une plume aide plus 

    Que la plus belle des voix

    Explique mieux

    Que le plus grand médecin

    Fait plus mal 

    Que la plus destructice des armes

    Ecrire est une façon de vivre

    Ma façon de vivre

                                                                 Shô Sakka 

    votre commentaire
  • Sur le trottoir, un ballon s’est arrêté

    Pourtant aucun rire d’enfant ne l’accompagne

    Ils sont tous partit, seuls, à la campagne

    Pour pouvoir enfin arrêter de pleurer.

     

    Ça fait maintenant une semaine sans rire

    Personne n’a eu le moindre petit sourire

    Quand cet enfant, trop vite, est tout seul partit

    S’envolant loin de ses parents, loin du nid

     

    Et pourquoi et comment à moins de dix ans

    L’âme d’enfant peut elle s’arracher à ses parents

    A cause de ce fou à la voiture trop rouge

    Les blessures des gosses qui aimait se qui bouge

     

    Maintenant, le ballon seul sur le trottoir

    Que le garçon plus jamais ne pourra voir

    Laissant seuls sa mère, son père et sa tit’sœur

    A qui il demandait que leur vrai bonheur


    1 commentaire
  •  

    Le temps est sombre et humide. Il va bientôt pleuvoir. Dans la plaine bosseuse, une jeune fille court, corps et âme, trébuchant aux milieux des longues racines des chênes qui bordent la clairière, et entre les pierres. Elle va droit sur l’unique arbre de la prairie où l’attend un jeune homme du même âge qu’elle. Il ne fait pas un bruit mais il espère qu’elle va réussir à l’atteindre. Car elle est en danger. Il aperçoit, dans le brouillard, derrière elle, un autre homme, plus âgé et plus costaud qu’elle, tous muscles saillants, qui court bien plus vite, une arme à longue distance à la main. La pauvre arrive enfin aux pieds de son ami quand elle reçoit une balle dans le dos, entre les omoplates. Une large tâche rouge assombrit son dos. Elle s’effondre dans les bras de son allié. Celui-ci pousse un hurlement de rage en direction de celui qui a disqualifié sa petite amie, l’être qu’il a de plus précieux. Il la pose à terre, lui jurant qui l’a vengera. Il fait face à l’agresseur. De son gilet militaire, il sort une arme de gros calibre. Il tire sur son ennemi avant de se retourner vivement. Derrière lui, se tient un autre homme, un autre ennemi. Il l’abat froidement. De larges taches jaunes recouvrent les vêtements de ses adversaires. Il est maintenant seul et il lui reste des ennemis à vaincre. Il se dirige vers la forêt, pour vaincre et gagner la victoire pour son équipe. La partie de paint-ball est loin d’être finie. 

    Mortel ?


    votre commentaire
  • La pluie frappe sur le carreau. C’est une pluie fine et rapide. Les rares personnes qui se trouvent dehors courent, fouettées par le vent. La fenêtre est retenue par un verrou solidement accroché au mur. J’ai essayé de l’ouvrir en arrivant dans ce lieu trop blanc, trop formel. En vain. Personne ne peut faire passer un peu d’air par cette fenêtre sans la clef qui l’ouvre. Clef que je n’ai pas. Je vais m’allonger sur la couchette de la petite pièce. Dans le couloir, j’entends les râles de plusieurs dizaines d’hommes et les pas monotones des bottes des gardiens qui font des tours et des tours dans le bâtiment. Je ferme les yeux, m’isolant du monde qui m’entoure. Je retourne en été, sous un soleil de plomb, allongé sur le sable dur et mouillé des plages de St Nazaire. Tout à coup, le soleil disparait et une ombre m’empêche de voir le ciel bleu. J’ouvre les yeux. Mais ce n’est pas le visage souriant et rassurant d’Elena que je vois au-dessus de moi. Le plafond blanc, impersonnel l’a remplacée. Un flot de souvenirs me submerge. Une larme glisse sur ma joue. Il est cruel d’enfermer un homme qui veut juste continuer à être heureux avec ses souvenirs. On m’a tout enlevé sauf les visages souriants de ma fiancée, de ma fille et de mon fils. On était heureux tous les quatre. Alors qu’est-ce que je fais dans un lieu où seuls les criminels doivent aller ? Pourquoi m’accuse-t-on d’un crime que je n’ai pas commis ? Je hurle, je frappe contre la porte. Sortez-moi de là ! Je suis innocent ! Un homme entre et me plaque sur mon lit. Je hurle toujours. De quel droit m’avez-vous enfermé ? Arrêtez de dire que je les ai tués, c’est faux ! Comment aurais-je pu tuer ma femme, celle que j’aime le plus au monde ? Comme aurais-je pu défigurer mes petits anges ? Arrêtez de me prendre pour un fou ! Faites sortir ce psy ! Je ne suis pas malade ! Je suis juste innocent ! Non !!!!!!!! Pas la piqûre !!! Innocent, je suis innocent…

    Je me réveille sur mon lit blanc. Face à moi, la si belle figure d’Elena. Elle me sourit et elle m’embrasse, allongée contre moi. Le soleil brille. Deux enfants courent vers moi. Mes enfants. Je reconnais leurs doux sourires sur leur bouille d’ange. Mais tout à coup, le ciel devient rouge sang. Le visage de ma fiancée se recouvre de sang. Derrière elle, un homme qui m’est inconnu l’embrasse, lui chuchote à l’oreille. Elle, elle me hurle de me calmer, de prendre mes médicaments. Mes enfants hurlent à leurs tours, le visage torturé, mutilé par un barbare. Ils pleurent près de leur mère qui vient de tomber par terre. Puis ma fille s’approche et me chuchote entre deux larmes :

    « L’été est fini. 

    -L’hiver est là, rajoute mon fils »

    Je hurle

     

    Innocent ou coupable ?

    Alors, coupable ou innocent d'après vous ??

     


    votre commentaire