• « Tu veux boire quelque chose ? me demande Julian, me coupant net dans ma contemplation de la pièce principale.

    -Euh…oui….T’as quoi ?

    -Dis ce qui te ferait plaisir.

    -Un jus de cranberries-framboises. »

    Je suis tombée sur une émission l’autre matin sur les bienfaits du jus de cranberries. Je rajoute la framboise, histoire qu’il n’en ait pas. Au mieux, il ne connaitra même pas. Au pire, il n’en aura pas. Qui a du jus de cranberries chez soi ? Et du jus de framboise ? Alors, quand il sort deux bouteilles, une de cranberries et une autre de framboise, qu’il en verse dans un shaker qu’il vient de sortir du bar qui sépare la cuisine du salon, je suis sûr le point de m’énerver. Bon sang, mais il ne pas faire comme tout le monde ??!! Il semble bien avoir remarqué que je souhaitais le voir ne pas pouvoir sortir ce que je souhaitais.

    « Tu voulais me poser une colle ? me demande t il en m’adressant un sourire au coin, du genre satisfait. »

    Je lui jette un regard noir et j’esquive sa question en en posant une autre.

    « Je peux mettre mes affaires où ?

    -Dans la chambre.

    -Ok. Mais c’est où ?

    -C’est vrai…tu ne connais pas. » 

    Il se dirige vers la porte de droite et je le suis. La porte débouche dans un couloir bleu foncé. Il y a trois portes. Julian se dirige vers la première, à droite. C’est très certainement la plus belle chambre que je n’ai jamais vu. Dans un bleu ciel magnifique, se dresse un lit à baldaquin grandiose. De larges voiles blanches pur retombent avec légèretés autour du cadre en bois blanc. La lumière vient d’une large fenêtre derrière le lit. Dans la pièce, à gauche de la porte, on a placé une grande armoire dont le bois est de la même couleur que celui du lit. Je suis sous le charme de cette pièce si simple et si belle. Il n’y a pas de miroir mais j’imagine ma bouche grande ouverte. Derrière moi, Julian ne respecte pas mon admiration et m’interrompt dans ma contemplation.

    « Voilà la chambre d’ami. Pour ton information, la seconde porte est la salle de bain.

    -Et la troisième ?

    - Suis-moi. »

    Il reste mystérieux, un petit sourire satisfait aux coins des lèvres. Après avoir déposé délicatement mon manteau et ma robe, je le suis intriguée. Il m’attend devant la troisième porte. Je me place devant et je vois le battent tourner. Si j’ai trouvé la chambre splendide, cette pièce est, pour moi, la huitième merveille du monde.

    A l’intérieur, tout est relativement simple : quatre murs blanc cassés, sans aucune décoration, une large fenêtre encadrée d’un rideau blanc plus claire. En faite, la plus belle chose dans cette pièce est l’unique meuble qu’elle comporte. Un piano à queue noir. Un beau noir, pur et ténébreux. Il est tout simplement magnifique. Je suis abasourdie par la simplicité même de la pièce mais aussi par sa splendeur. Je ne sais pas quoi dire. Je fixe l’instrument. J’aurais aimé jouer de cet instrument, mais petite, je n’avais jamais eu l’occasion d’apprendre. Julian passe devant, se plaçant devant moi et l’instrument. Je ne sais pas quoi dire et il m’aide bien prenant la parole le premier.

    « Tu en joues ?

    -Non…

    -Tu veux que je joue un morceau ?

    -Oui ! Tu connais ONE, d’U2 ??

    -Euh…oui… Tu veux que je joue ça ? (je hoche la tête frénétiquement) Ok…Si tu veux. »

    J’ai répondu  presque sans réfléchir. Cette chanson est tout simplement trop belle. Mais maintenant je suis hyper gênée. Pourtant, je m’installe près de lui. Ses doigts survolent les touches sans émettre le moindre son. Cela dure quelques minutes avant qu’il se tourne vers moi et qu’il me lance :

    « Par contre, tu chantes. 

    -Moi ? Chanter ? Mais t’es fou !

    -Je ne suis absolument pas fou. Aller, chant, s’il te plait… »

    Ses yeux gris me fixent avec tant d’intensité que je me sens obligée d’accepter. Il me sourit avant de se tourner face aux touches. Il prend son souffle avant que les premières notes s’élèvent, doucement. Il est parfaitement juste et lorsque j’entends ma vois se rajouter sur cette mélodie si belle, j’ai l’impression de tout gâcher. Mais je chante.

    « Is it getting better 
    Or do you feel the same 
    Will it make it easier on you now 
    You got someone to blame 
    You say... 

    One love 
    One life 
    When it's one need 
    In the night 
    One love 
    We get to share it 
    Leaves you baby if you 
    Don't care for it »

     

    Je ferme les yeux, emportée dans cette douce musique. Je fredonne plus que l’air non pas que je ne connaisse pas les parole mais je ne peux pas les chanter, c’est trop. Sauf la fin, où je ne peux m’empêcher de chanter avec toute mon âme quelques paroles que j’aime par-dessus tout. « »

    « One love

    One blood

    One life

    You got to do what you should

    On life

    Witch each other

     Sister 

    Brothers

    One life …»

    Chez Julian 2- (28)

     

    La chanson est One, de U2.
    C'est une superde chanson (à mon goût !)
    https://www.youtube.com/watch?v=pE9hubGnqQM

    votre commentaire
  • Ma robe est soigneusement rangée dans sa house, j’ai un sac avec les chaussures et mon foulard. J’appelle un taxi puisque je ne peux pas prendre ma moto avec ma tenue, et en plus, j’ignore complètement où il vit.

             Comme prévu, il y a un monde fou dans la capitale à cette heure ci. J’arrive donc après une heure de route à l’allure d’un escargot dans une banlieue huppée de Paris. Devant moi, e dresse un immeuble assez bas, au style ancien mais j’ignore la date réelle de construction. Le portail est en fer sombre et travaillé. J’appuie sur l’unique interphone. Une vois masculine inconnue me répond :

    « Oui ?

    -Bonjour. Je viens voir Julian. Je suis attendue, précise-je.

    -Votre nom, je vous pris.

    -Lara.

    -Monsieur vous attend. »

    Devant moi, les grilles s’ouvrent doucement. Je ne peux pas remercier mon interlocuteur car il a déjà raccroché. J’entre dans une cour très bien entretenue. Chaque arbre est taillé au millimètre près.

     Un homme m’attend devant l’entrée principale. Il porte un costume de concierge des maisons aristocratiques. Il me détaille de haut en bas, l’air dédaigneux, un sourcil levé. En voyant ma tête de fille banale, mon manteau noir qui m’arrive jusqu’aux genoux dont l’on voit un jean basket des plus banals, il doit se dire que son patron a fait une chute sur la tête. Pas de stress, je me pose aussi la question.

             Il n’empêche pas qu’il me laisse entrer et qu’il me mène au troisième étage. Il n’y a qu’une porte. Julian occupe tout un étage ? Pourquoi suis-je surprise ? C’est logique. Un mes comme lui ne peut vivre que dans un grand appartement d’aristocrate. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi il n’a pas encore acheté Versailles, histoire de pouvoir se vanter un peu plus !

    Enfin seule, je sonne à l’unique porte face à l’ascenseur. L’entrée où je suis est assez petite. Il y a juste un cadre contemporain et une plante.

    La porte s’ouvre. Julian y apparait sur le pas. Il porte un jean et une chemise dépareillée. Ses anneaux sont nettement visibles car il a coincé ses cheveux derrière ses oreilles. Il me regarde et il me sourit. Je me sens extrêmement mal à l’aise avec mon maquillage d’amatrice et ma robe sous le bras. Il prend la parole !

    « Salut ! Alors impressionnée ?

    -Je ne vois pas de quoi tu parles…

    -Je te parle de cette splendide demeure, bien entendu ! Pas de mon physique qui dois t’éblouir ! N’empêche, cela se comprend !

    -Impressionnée, réplique-je ignorant sa dernière remarque, n’est pas l’adjectif que j’emploierais.

    -Epoustouflée, émerveillée conviendraient mieux, certes, mais comme je suis une personne très humble…

    -Si tu es humble, alors je suis Marie-Antoinette ! Alors, la soirée se passe sur le perron ? ajoute-je, histoire de mettre fin à cette discutions stupide.

    -Non. Rentre. »

    Je suis éblouie. Par l’appartement, cela va de sois. Malgré les allures romantiques de la demeure, l’intérieur est très moderne. On entre dans un salon-cuisine-salle à manger de forme presque ronde. Les murs sont gris pâle et blanc. Un poêle trôné au milieu de la pièce. Les meubles sont très design, comme je les aime. La pièce est très lumineuse car en face de la porte, il y a une baie-vitrée qui fait tout le mur, vu sur le parc arrière aussi bien entretenu que l’avant. Sur les deux murs adjacents à celui de la porte, il y a deux portes vitrée qui se font face à face.


    votre commentaire
  • Le soleil descendait dans le ciel, éclairant de ses rayons orangés les premières étoiles qui perçaient le firmament. Le vent tiède emplissait la terre de son souffle régulier. Des oiseux glissaient sur les courants d’airs, toutes ailes déployées. Le silence régnait mis à part quelques cris lointains d’oiseaux étranges, aux couleurs chatoyantes. Le soleil disparut complètement, ses derniers rayons s’éteignirent. La mer, sous les étoiles scintillantes, bougeait en vagues douces, quelques poissons accompagnaient sa course folle. Le ciel ténébreux avait élu reine une blanche lune, pleine et éclatante. Volant dans le ciel, Alison contemplait cette beauté irréelle, cette nuit si belle, loin des hommes et de leurs progrès dévastateurs. Elle observait tout pour garder dans sa mémoire chaque seconde, chaque détail de cet instant, de ce moment unique dans une vie. Elle voulait non seulement se souvenir des étoiles, des poissons, de la mer et des dauphins mais aussi se rappeler de ses mains puissantes sur sa taille, le torse musclé contre son dos, la respiration chaude dans son cou, les lèvres posées sur ses cheveux. Celui qui lui permettait de glisser dans le ciel, il ne fallait pas qu’elle l’oublie.

     

    Tout à coup, elle plongea à la verticale. Prise de court, elle hurla. Ses pieds se posèrent alors tout doucement sur le sable. Elle s’allongea pour reprendre ses esprits. Elle n’avait pas aimé la vitesse finale. Partir la tête la première vers la mer, avec aucune sécurité, très peu pour elle. Elle ouvrit les yeux. Au lieu de voir les étoiles au-dessus d’elle, un visage bienveillant lui cachait la vue. Erwan ! Il se rapprocha d’elle et lui déposa un baiser sur les lèvres. Il s’éloigna d’elle en souriant. Elle se releva.

     

    « Tu m’as fais peur… »

    Son sourire s’élargit. Devant sa moue boudeuse, il lui caressa la joue. Elle se laissa attirer contre lui. Il l’enveloppa de ses bras. Elle se laissa aller dans son étreinte. Il commença à l’embrasser doucement puis avec plus d’ardeur, plus de passion, plus de fougue. Ils tombèrent sur le sable. Deux ailes blanches les recouvrirent. Elle se laissa aller sous les baisers de son ange.  

     


    votre commentaire
  • Elle le regarda, assis seul sur le banc. Elle éprouva une grande tristesse pour cet être solitaire. Les yeux des élèves et de ses amis ne voyaient en lui que les rumeurs qui couraient à son sujet. Mais comment peut-on imaginer qu’un jeune homme de quatorze ans ait pu tuer sa mère, sa petite amie et qu’il ait parfois blessé à mort des inconnus ? C’est pourtant ce que tous semblaient croire. Tous sauf elle. Ignorant les multiples conseils de ses amis, elle alla le voir et s’assit près de lui. Après quelques paroles, après quelques sourires, ils devinrent amis, après quelques rires sur le visage froid de ce jeune homme. Plus loin, ceux sur qui elle comptait sont partis, ils avaient trop peur. Elle était blessée dans son cœur car elle pensait qu’ils savaient regarder à travers les apparences.

    Le lendemain, deux de ses anciens amis furent retrouvés noyés dans le canal. Personne ne sut ce qu’il s’était passé. Mais elle ne semblait pas s’inquiéter. Lui, par contre, avait peur. Tous l’accusèrent. Tous disaient que c’était de se faute. Qui et pourquoi deux jeunes filles avaient-elles été tuée ? Tout recommençait. Alors qu’elle et lui étaient évités, il y avait chaque jour un nouveau meurtre jusqu’à ce que de tous les anciens amis de la jeune fille, il ne reste personne. Le jeune homme était accusé de tous, on l’attaquait, on l’injuriait, on le frappait. Elle, elle prenait la défense de son ami, répliquait à sa place. Mais il était trop tard. Il avait trop peur. Le lendemain,  il ne revint pas en cours. Inquiète, la jeune fille se rendit chez lui après la dernière sonnerie. Il lui annonça qu’il partait le lendemain vivre chez sa grand-mère, au Portugal, et que, là-bas au moins, personne ne saurait rien des rumeurs françaises. La jeune fille fut profondément blessée et se sentit trahie par son ami. Elle lui prit la main et elle l’entraina dans le parc voisin. Surpris de ce curieux rendez-vous, il essaya en vain de s’éloigner, de partir. Le soleil déclinait dans le ciel et le visage de son amie s’assombrit comme la voûte céleste. A la lueur de la lune, il ne percevait que les deux yeux brillant de l’éclat d’une lame. Au moment où le poignard transperça son ventre, il aurait pu jurer que les yeux de sa meurtrière étaient de couleur sang. Mais il n’eut le temps de faire aucun serment, son cœur ne battait déjà plus.

    Le lendemain, on retrouva son corps dans le canal, comme toutes les autres victimes. Personne n’accusa la jeune fille au visage si innocent. Mais les apparences sont trompeuses…  


    votre commentaire
  • Le train arrive en gare. Les roues crissent sur les rails projetant des milliers d’étincelles rouge métal. Le bruit est assourdissant. La foule compacte se presse devant les portes à peines ouvertes des wagons. On se bouscule, on cherche à se faire une place, aussi infime soit-elle, parmi les jambes et les épaules des voyageurs, on se cramponne à ses bagages tel un radeau au milieu d’une déferlante noire et hurlante. Lorsqu’enfin, mon pied percute la marche près de la porte, je n’ai que quelques précieuses secondes pour me hisser à bord, ou je risque de me retrouver sous les talons pointus de ces dames et les grosses chaussures de tous ces messieurs. Je réussis à grimper dans le wagon, mon sac miraculeusement  reste sur mes épaules.

    Dans le couloir, le bruit est plus atténué. Une douce musique berce les premiers assis. Je pars alors à la rechercher de ma place. Je parcours la moitié du train pour finalement atterrir dans un compartiment presque vide. Une jeune femme pianote sur un ordinateur portable, un vieil homme somnole déjà et j’aperçois le haut de la chevelure d’une troisième personne. Ma place est située derrière lui. Puisque personne ne semble être assis à côté de moi, je pose mon sac sur le fauteuil voisin. Je regarde par la fenêtre les personnes qui sont restées sur le quai. Je pensais que toute la foule ne tiendrait jamais dans un train aussi court.

    La gare commence à s’éloigner et les paysages à prendre de la vitesse. Tout devient si flou qu’on n’y reconnait rien. Je laisse mon regard s’attarder dans mon compartiment. Toujours pas de changement ; la femme pianote et l’homme s’est endormit. Je ne sais toujours pas qui est devant moi. J’essaie de voir son reflet sur la vitre. Tout ce que j’arrive à distinguer est son sweatshirt bleu marine et ses cheveux blond en batailles. Je contemple ce peu de détail que j’ai de lui lorsque sa tête vient se poser contre la vitre. Je sursaute et pousse un petit cri avant de poser ma main sur ma bouche, gênée. Le rouge me monte au visage et des flammes ardentes brûlent mes joues. Mais heureusement, personne ne semble m’avoir entendue. Pour me changer les idées, je sors de mon sac mon MP3 et je mets à fond U2, un de mes groupes préférés. Je fixe le paysage. C’est long et monotone. Le roulis incessant me berce comme un nouveau-né dans les bras rassurant de sa mère. Je sombre dans les bras de Morphée.

     Quand j’ouvre les yeux, le train file toujours. Rien n’a changé autour de moi. J’ignore combien de temps j’ai dormi. Alors que je recherche une chanson dans mes dossiers sur mon MP3, j’ai la curieuse impression que l’on me fixe. Je lève mon regard.

    Entre la vitre et le siège, un œil bleu m’observe. Je suis happé dans ce regard. Je tombe dans un océan calme et chaud, je voyage au-dessus des nuages. Sans m’en rendre vraiment compte, je fixe cet œil inconnu. Tant de bien que de mal, je ressors de ce regard. Je tourne légèrement la tête, faignant de chercher un livre mais mes yeux vont en direction opposée. Je vois un sourire rieur naître sur le visage de mon observateur. Bien que je sois parfaitement réveillée, il continue à m’observer. Je fais semblant de lire. Je ne comprends pas un mot de ma lecture. Il me regarde toujours, je le sens.

    Le temps passe rapidement jusqu’à ce que le train s’arrête en gare. Je commence à ranger mes affaires. Devant moi, le garçon prend son temps : il reste assis à regarder le quai. Je passe devant lui en l’ignorant. A chaque seconde, mes yeux veulent le regarder, le voir au moins une fois mais je les oblige à rester rivés sur l’allée. Je sors du train, ignorant totalement à quoi ressemble ce mystérieux jeune homme.

    Je marche le long du train lorsque je sens quelque chose se glisser dans ma main. Je me retourne à temps pour voir le dos de mon mystérieux observateur. Dans ma main, il a glissé un petit bout de feuille. Je le déplie pour trouver un mot écrit d’une écriture très élégante.

    « Tu es très belle quand tu dors. Et très mignonne le reste du temps. Et aussi maladroite, tu tenais ton livre à l’envers. Reste-la même. »

    Je relève la tête. Le jeune est planté au milieu. Il me sourit avant de se retourner et de se fondre dans la foule. Je souris à mon tour et reprends ma route. Je ne reverrais jamais ce mystérieux admirateur mais je ne peux m’empêcher d’être heureuse. Et amoureuse.


    votre commentaire