• Le poids de la vie / réel

    Il sentait une masse qui l’oppressait, qui réduisait son souffle au plus profond de lui-même. Il s’offusquait, mais personne ne semblait s’en rendre compte. Il voulut hurler. Sa voix demeura silencieuse pendant que sa bouche s’ouvrait dans un effort vain. Sentit une larme glisser le long de ses tempes. Il jura. Il ne devait pas abandonner. Il devait tenir à tout prix. Son corps restait figé, incapable de se redresser. Il réalisa alors qu’il avait mal, que chaque muscle, chaque os de son corps ne lui répondait plus. La douleur monta jusqu’à son cerveau, qui, devenant conscient de son corps brisé, lui envoya une vague d’horreur et de larmes. Il sentait ses pleurs sur tout son visage. La poussière stagnait le long de ses yeux, dans sa bouche, partout sur lui. Il tenta à nouveau de hurler. Il n’y parvint pas. L’air lui manquait, ses poumons brûlaient. Il prit alors conscience qu’il allait mourir. Non, il le savait depuis le départ. Il voulait juste ne pas y croire, ne pas se l’avouer. Maintenant, il perdait tout espoir. Il se remémora alors pourquoi sa vie allait se finir ainsi.

         Il n’avait pourtant rien fait de mal. Il se comportait comme la majorité des gens : il travaillait, s’occupait de sa famille, ne créait pas de vagues, n’était pas membre de gang ou de parti politique. Il était loin d’être parfait mais il menait une vie paisible. Ce matin comme chaque matin, il s’était levé pour aller travailler. Il s’était installé au troisième étage du petit immeuble où se situait son entreprise. Il travaillait sérieusement, sa tasse de café dans un coin, son écran d’ordinateur éclairant son visage. Soudain, il vit le liquide noir trembler sans qu’il l’ait touché. Tout se passe très vite ensuite. Des hurlements, des secousses, des cris. Il s’était rué vers les escaliers. Il dépassait le deuxième étage lorsque le sol se déroba sous ses pieds. Puis le noir. Étrangement, il ne s’était pas évanoui, sinon il serait déjà mort. Il ne se souvenait plus de la chute, juste des cris et des pierres qui tombaient. Maintenant, il allait voir sa vie s’achever au milieu de gravats et de poussière. Il sentit son cœur ralentir et la réalité fuir. Une dernière larme glissa sur ses joues avant que ses yeux se referment sur le visage d’une femme qui dansait.

        Un rayon de soleil éclaira les paupières closes d’un homme. Des hurlements ameutèrent les secouristes, la foule et les journalistes. On dégagea les derniers pans de mur et on sortit la victime. Un médecin courut jusqu’à l’homme, allongé sur le sol. Il vit immédiatement que le corps était encore chaud. Il lui fit les gestes de réanimation. Il abandonna vite face à un cœur à l’arrêt. Il secoua la tête et se releva. Pendant qu’on recouvrait le corps d’un drap, une jeune veuve hurlait.

     

     


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