Elle fit couler entre ses doigts un peu de sable chauffé par le soleil. Elle suivait des yeux l’horizon où le soleil orangé éclairait la terre de ses rayons estivaux. La plage sommeillait peu à peu, libérée de la foule de touristes qui l’avait envahie de coup de serviettes et de râteaux. Au loin, un maître-nageur, repliait un drapeau avant de monter dans sa jeep et de partir dans un bruit de moteur poussiéreux. La plage redevenait silence. Plus un bruit, juste l’écume qui venait petit à petit, vague par vague, se briser sur le sable. Le vent soufflait dans ses cheveux. Communiant avec la nature, loin du brouhaha des villes et des côtes touristiques. Enfin seule.

    Elle se leva et enleva son haut. Sur sa poitrine, apparu une combinaison sombre qui moulait son corps. Elle rangea ses affaires dans son sac. Debout, elle contempla l’océan. Elle surprit le vol d’un goéland dans le ciel rougeoyant. Nature. Le vent souffla sur son visage. Elle regroupa ses cheveux dans une queue haute qui tomba dans son dos. Elle avança vers l’eau.

    La fraîcheur de l’océan la revigora. Elle sourit et continua d’avancer. Les vagues claquaient contre ses mollets. Le froid remontait tout le long de sa colonne vertébrale. Elle se sentait bien, seule au monde. Seule dans l’océan, dans l’immensité des vagues. Heureuse. Elle plongea complètement, tête dans l’eau, avant de ressortir, le souffle court. Le sel brûlait ses yeux mais cela la dérangeait à peine. Une vague arriva à toute vitesse sur elle. Elle hésita mais plongea dans l’écume. Elle prendrait la prochaine. Elle avait le temps. Toute la nuit si elle le souhaitait. Elle avança et très vite elle n’eut plus pied. La plage paraissait être un autre monde. Elle était seule, complètement seule. Et elle aimait cela. Elle se percha sur la longue planche qu’elle tenait depuis qu’elle était rentrée dans l’eau. Ses cheveux se plaquèrent sur sa peau. L’eau ruisselait sur sa combinaison. Elle garda les yeux ouverts, observant l’étendue d’eau où des vagues se formaient. Elle gardait ses pieds dans l’eau. Et elle attendit.

    Dans l’horizon, elle arriva. D’abord toute petite, juste une bosse. Puis elle enfla et domina l’océan. La jeune surfeuse y vit l’occasion rêvée. Elle se plaqua contre sa planche, ne faisant qu’une avec. Elle battit des bras. L’eau salée l’éclaboussa violemment ; il fallait faire vite. Déjà, elle se sentit soulevée. Elle sauta sur ses pieds. L’air fouettait son visage et emportait ses longs cheveux loin derrière elle, telle la queue d’une étoile filante qui jouait dans les vagues. L’eau la portait, l’emmenait au septième ciel. Tout allait vite. Mais ce n’était pas assez. Elle bougea sa planche et réalisa une figure au milieu de l’écume. Elle jubilait.

    Il posa sa planche sur le sable encore chaud. Les premières étoiles scintillaient. Il la regarda, au loin. Elle semblait briller au milieu de l’eau. Elle  filait à toute vitesse. Insaisissable. Elle se rapprocha du bord avant de s’échouer sur le sable. Il s’approcha d’elle pendant qu’elle détachait sa planche. Il la prit par derrière, lui arrachant un cri. Elle se retourna vivement et leva les yeux au ciel. Il l’embrassa sur ses lèvres salées avant de l’emmener avec lui dans les vagues. Amoureux.